Microsoft dissocie ses divisions Windows et Internet

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Je m’étais fait plaisir il y a quelques mois en imaginant un repositionnement stratégique des produits Microsoft dans le cadre de l’acquisition potentielle de Yahoo : Analyse de l’offre de Microsoft sur Yahoo, et figure libre 🙂

Certes ma vision était poussée à l’extrême, mais elle avait le mérite de mettre en évidence quelques points délicats au sein de l’empire Microsoft.

Aujourd’hui, avec le départ de Kevin Johnson, qui occupait jusqu’ici le poste de vice-président en charge de la division plateformes et services, et la scission de cette unité en deux pôles distincts, l’un consacré à Windows et l’autre dédié aux services Internet, se dessine une réorganisation qui me semble pertinente et dont je leur souhaite qu’elle se poursuive également vers une séparation très marquée Grand Public/Entreprise.

Source partielle : NetEco – Microsoft dissocie ses divisions Windows et Internet

Analyse de l’offre de Microsoft sur Yahoo, et figure libre :-)

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Note : J’avais écrit ce texte avant le rejet de l’offre par Yahoo. Bien que cette nouvelle ne change rien à ce que j’ai écrit, le mentionner me semble utile.

Toutes les analyses de l’offre de Microsoft sur Yahoo la justifient par le retard important de Microsoft sur internet. Certes c’est évidemment la première justification qui apparaît, mais si on s’arrête là et qu’on réfléchit au résultat de cette intégration plus ou moins complète de Yahoo, on arrive, quelle que soit l’intégration en question, à douter du bien-fondé d’une si grosse opération, en tout cas à la considérer comme un challenge industriel très difficile à relever. Yahoo a mal négocié le passage de l’annuaire Web au Search, a mal géré l’intégration de tous ses services et de ses acquisitions, est passé à côté du Web 2.0 puis des Réseaux Sociaux. Microsoft n’a pas mieux réussi, son search piétine, Live survit, bref, je ne referai pas une énième analyse, on les trouve partout.

Mais ne sous-estimons pas l’intelligence des hommes clés de Redmond. Prenons un peu de recul, arrêtons de regarder Yahoo uniquement comme une figure emblématique de l’internet, complément rêvé pour un Microsoft qui n’arrive pas à s’imposer dans cette culture Web.

J’ai voulu essayer d’imaginer ce que Microsoft voit derrière, plus loin que ce qu’ils ont exprimé, là où le deal prendrait un sens profond et bien plus stratégique qu’il ne paraît déjà. Une hypothèse m’a tout de suite traversé l’esprit. Ce n’est qu’une pure hypothèse, mais, quel que soit son niveau de réalisme, elle a le mérite d’essayer de faire réfléchir un peu plus loin qu’un discours officiel, qui à ce stade premier de l’offre, ne peut révéler grand-chose d’une stratégie qui ne peut être que plus brillamment élaborée qu’elle ne le laisse paraître.

Microsoft a plusieurs sujets préoccupants qu’on peut intégrer dans la réflexion :

  • Windows Vista n’a pas rencontré le succès escompté.
  • Windows fait produit commun entre utilisation personnelle et utilisation professionnelle. Ce qui semblait un avantage, et fut instauré avec Windows XP, s’avère semer le doute chez les utilisateurs. L’OS devient trop lourd et pas assez « user friendly » pour un usage personnel. L’OS devient trop lourd et pas assez « secure » pour un usage professionnel.
  • L’image de Microsoft n’est pas excellente, mise à mal par les cabales anti-Microsoft, les procédures antitrust, la culture montante du Logiciel Libre et l’esprit « Open » du Web aujourd’hui.
  • La marque Microsoft cherche son image entre produits grand public et professionnels. Il n’est pas facile de vendre de la Xbox, et du serveur pro et autres progiciels sous une même marque.

Yahoo est une très belle société internet. Yahoo dispose d’une très bonne image, d’un capital sympathie très élevé, d’une identité visuelle agréable, beau logo chaud, rond, coloré, affectif. Yahoo est une marque très forte et qui est encore très sous-exploitée.

Alors quelle est la « big picture » ?

Et si l’acquisition de Yahoo était tout simplement, au-delà d’un renforcement de ses activités internet, la création d’une marque grand public globale pour Microsoft ?

Si Microsoft se recentrait en son nom propre exclusivement sur le marché pro, et que Yahoo devenait la marque grand public, affective, cool, innovante en termes d’usages ?

Yahoo pour les consommateurs.
Microsoft pour les professionnels.

Deux marques, deux images, deux marchés, des produits bien séparés, plus de confusion, l’un ne souffrirait plus de l’image de l’autre, et vice versa. Et là tout prend sens. Transfert rapide des actifs grand public vers Yahoo :

  • Yahoo Windows
  • Yahoo Xbox
  • Yahoo Games
  • et transfert de tous les actifs internet grand public.

Microsoft se focaliserait sur le marché pro en renforçant sa marque et son image.

Yahoo se focaliserait sur l’internet grand public, mais aussi tous les produits grand public.

Yahoo Windows : Il n’est pas question de transférer chez Yahoo la compétente OS, mais simplement de ne plus brander un « Microsoft Windows Vista Home Edition » mais un « Yahoo Windows ». Sur base de Microsoft Windows Vista le « Yahoo Windows » disposerait de sa propre interface. Grosse orientation Web de l’OS rhabillé, intégration de Yahoo Widgets, Yahoo Desktop, My Yahoo, etc.

En résumé :

  • Tout ce qui serait de marque « Microsoft » serait exclusivement professionnel.
  • Tout ce qui serait de marque « Yahoo » serait exclusivement grand public.
  • Transfert des actifs internet de Microsoft chez Yahoo.
  • Transfert des produits grand public chez Yahoo.
  • Régie publicitaire commune, fusion, intégration chez Microsoft.
  • Moteur de recherche commun, fusion, intégration chez Yahoo.
  • Produits vendus sous marque Yahoo, mais business unit et développement Microsoft : Xbox, Yahoo Windows, etc.

Avec un tel scénario, Microsoft restructure son offre, clarifie son message, gagne considérablement en image, et tire le meilleur de tout. Serait-ce la « big picture » précédant le départ de Bill Gates et posant Microsoft sur des bases solides pour poursuivre sa croissance ? J’en connais chez Microsoft qui vont se marrer en lisant cet article…

Votre avis ? (mis à part le côté peut-être farfelu de l’idée)