Je vous recommande la lecture de ce post intéressant (en anglais) : « Are downloads really killing the music industry? Or is it something else?« .
Voilà des années que nous sommes quelques-uns à pointer du doigt la réalité d’une déconcertante simplicité, mais que chaque industrie culturelle réfute, et pour cause… il est question de beaucoup d’argent, et quand les limites du budget des consommateurs sont atteintes il faut aller prendre de l’argent ailleurs… et ce « ailleurs » c’est criminaliser pour taxer et prélever.
En avril 2007 j’avais rédigé un post sur le sujet que je vous encourage vivement à (re)lire : « Commission d’Albis et système pervers« .
Autocitation : « Nous sommes dans un système pervers qui taxe injustement, sans discernement, l’ensemble de la population, sur présomption de culpabilité«
Je connais bien l’industrie du jeu vidéo, j’y ai créé ma première entreprise il y a 20 ans, et j’ai servi cette industrie pendant 15 ans.
A la fin des années 90 nous avons senti une « baisse notable des ventes de jeux« , ou plus précisément, les études montraient « une baisse significative du budget jeu moyen » (le consommateur achetait moins…), mais parallèlement nous vendions plus de jeux (plus de consommateurs achetaient…), et les chiffres d’affaires étaient en hausse constante pour finalement dépasser l’industrie du cinéma….
Nous sûment tous très vite que la baisse du budget jeu du consommateur était liée à l’explosion des téléphones portables… et non au piratage qui lui stagnait, voire baissait (jamais révélé bien sur). A l’époque,
- une grande partie de l’industrie est repartie en guerre contre le piratage, et fit un important lobbying avec pour but de taxer tous les supports possibles (CD, DVD, disques durs),
- alors que d’autres plus intelligents ont investi massivement dans la production de jeux pour mobiles… (remarquable management d’Ubisoft avec la création de Gameloft : 2008 = 110 M€ (+15%)).
Après l’explosion du mobile, ce fut l’explosion de l’ADSL, et là toujours la même histoire,
- d’un côté un lobbying massif pour une taxe des FAI et autres tentatives de racket organisé des industries connexes,
- de l’autre côté, des acteurs éclairés qui investirent massivement dans les jeux on-line… (visionnaire Jean-Marie Messier, Vivendi achetant Blizzard en 98 : Prévisions 2009 (à la hausse) 4,7 milliards de dollars).
Désormais on observe l’explosion du jeu vidéo (qui était déjà en croissance forte), et forcément ça bouscule d’autres industries, et on voit se répéter d’un côté le déni et ses dérives, et de l’autre l’intelligence, l’innovation, l’adaptation.
Hélas, comme toujours les adeptes du déni sont massivement majoritaires.
Alors, N’OUBLIONS PAS : le budget des consommateurs n’a pas doublé !!
- le téléphone portable s’est greffé sur le budget.
- l’abonnement ADSL s’est greffé sur le budget.
- l’abonnement aux jeux en ligne s’est greffé sur le budget.
- l’achat de jeux (consoles salon et portables, iPhone/iPod, etc.) s’est greffé sur le budget.
sans oublier :
- le renouvellement massif du parc de téléviseurs.
- le consommation croissante d’audiovisuel (VOD, chaînes payantes)…
- l’explosion à venir des smartphones…
- l’addiction à l’internet mobile illimité (minimum 55€/mois)…
…et le budget des consommateurs n’a toujours pas doublé !!
Alors, nos gouvernements devraient se concentrer sur les inévitables mutations industrielles, sociales, culturelles, et donc sociétales, plutôt que contribuer au déni suicidaire d’industries sclérosées et bien mal managées !!
Probablement un héritage culturel remontant aux châteaux forts, que n’ont pas les Américains ou l’Asie du Sud-est : « Quand j’entre dans la place, je dresse mes remparts, plutôt mourir ici que reconstruire ailleurs » …
Le monde bouge, il faut s’adapter, ou mourir… Poney Express vs Telegraphe, Ice Houses vs Réfrigérateur, etc.).