Le discours est clair et sensé, mais hélas ce recentrage de 3i sur le late stage, abandonnant middle stage puis early stage, arrive trop tôt pour le marché français encore bien mal structuré et en quête d’un écosystème vertueux qui nous donnent des chances de voir se développer des entreprises pouvant atteindre le late stage.
Un poulet bien en chair se vend plus cher qu’un oeuf sur le marché, faut-il arrêter la production d’oeufs ? (Je ne parle pas des œufs qui ne doivent pas être fécondés, utilisés en cuisine…)
A noter que mon image oeufs/poules garde son sens face à la vision de JDCH « tout faire pour conserver les serial entrepreneurs français sur notre territoire car ce sont eux les business angels de demain« . On parle bien d’oeufs à féconder…
Il nous faut construire un nouvel écosystème, au travail!
Voilà une bien mauvaise nouvelle qui vient s’ajouter à beaucoup de discussions récentes sur le sujet, pour ne pas dire de « bruits de couloir », qui indiquent un très fort repli à prévoir du Capital Risque en Europe et aux États-Unis (les NTIC étant le secteur le plus touché), la France étant plus fortement concernée car elle attire historiquement moins les investissements que le Royaume-Uni. L’amorçage, dit « Early Stage » en anglais, étant effectivement moins rentable pour beaucoup de fonds, c’est ce secteur qui va être touché le plus fortement.
Hélas le secteur de l’amorçage étant aussi celui qui est historiquement le moins développé en France, un point majeur sur lequel on bute pour créer un écosystème vertueux créateur d’entreprises innovantes, on peut s’inquiéter de l’impact sur un secteur déjà difficile.
Hasards du calendrier, cela tombe à un moment où bon nombre d’entrepreneurs ont fait plusieurs allers et retours dans la Silicon Valley ces derniers mois pour y tâter le terrain, que Loïc Le Meur y est installé depuis août et exhorte les entrepreneurs à ne plus se poser de questions et à y partir, et que 8 de nos fidèles membres de l’OpenCoffee sont en pleine tournée californienne la tête pleine de rêves…
J’ai failli partir il y a quelques années… si la situation se dégrade réellement, je ne me poserai pas trop de questions, je me sens comme chez moi dans la Valley, en phase avec cette énergie positive et constructive, séduit par la qualité de vie qu’on y trouve. Internet, le Mobile, l’IPTV, tant de choses sont en train de se créer, il y a tant à inventer et créer, que si notre écosystème ne sait être en phase, il faudra aller là où se créent les usages et technologies de demain.
Pour le moment, pas de panique, observons concrètement!
Avec 397 millions de montants investis, ce premier semestre 2007 se présente comme le meilleur premier semestre du capital risque français depuis la fin de l’année 2000.
48 millions d’euros ont été investis en phase d’amorçage(seed, et 1er tour), soitune croissance de 77% par rapport au semestre précédent.
En termes de secteur, on assiste à un retour en force du secteur Internet avec 70 millions d’euros investis, et une croissance de 72% par rapport au semestre précédent. Par ailleurs on peut noter l’émergence d’un nouveau secteur, celui des CleanTech (énergies renouvelables) avec un total de six entreprises financées sur ce secteur pour le premier semestre 2007.
Je trouve particulièrement encourageant la croissance de 77% des investissements en phase d’amorçage. L’amorçage est le point faible en France, c’est là qu’il faut que les efforts se concentrent, et même un peu plus en amont. C’est l’une des motivations des travaux que nous avons engagés avec la création du FundCamp.
Toutefois, il ne suffit pas d’injecter des fonds, il faut évidemment des projets solides à fort potentiel, et il faut des entrepreneurs ayant tant les épaules que la capacité de se remettre en cause et de s’entourer. C’est tout un environnement qui doit évoluer pour stimuler les énergies, encourager les ambitions, créer les synergies, partager l’expérience, accélérer le cycle de création et d’amorçage, tout en raison gardant. C’est toute une culture de l’entrepreneuriat, des Business Angels et du Venture Capital qui doit évoluer encore, mais ça bouge, les initiatives allant dans ce sens se multiplient.